mercredi 21 avril 2010

Toujours plus au Sud

Et oui, quittons l'île du Sud, pour aller encore plus au sud : Stewart Island. Si vous avez regardé attentivement le panneau annonçant les distances de Bluff à d'autres points, vous avez pu voir la distance entre Bluff et Stewart Island : 35km. Donc je ne vais pas vraiment super loin vers le sud, mais assez loin pour atteindre la "ville" la plus au sud de la Nouvelle-Zélande : Oban. Alors, le village s'appelle Oban, mais la zone habitée s'appelle Half Moon Bay.

Mais vous l'avez sans doute deviné (ou alors j'ai peur pour votre QI), il faut prendre un bateau pour rejoindre Stewart Island. Bon, petit voyage d'une heure à travers le détroit de Foveaux (Foveaux était anglais, mais descendant d'une famille française). En pleine mer, la bateau allait à 35 nœuds (pratiquement 65km/h) .


Donc les vagues secouent un peu. Au moins, ça réveille, mais j'en reparlerai lors du retour sur l'île du Sud. Mais bon, l'océan était calme donc ça a plutôt été une sortie pépère en mer.


Bon, désolé ils étaient trop rapides pour mon appareil, mais quelques dauphins ont nagé à côté du bateau. Après ce passage rapide sur les eaux du Pacifique, direction l'hôtel (pas difficile à trouver, vu qu'il n'y a que 2 "hôtels" dans la ville et que celui-ci est face au "port") pour poser mes affaires, puis départ d'une croisière autour de Paterson Inlet (alors, selon wikipédia, un "inlet" est en grau en français... oui oui, comme le Grau-du-Roi). Ce grau est la zone dont fait partie Oban, la ville étant donc protégée par les côtes du grau.

Mais voyons Oban d'un peu plus près. Cette "immense" ville, comme vous pouvez le voir, possède des milliers de centres d'intérêts, dont son église...


...et sa grand'rue :


Comme vous l'avez compris, les habitants ne se bousculent pas sur Stewart Island (Rakiura en maori). En fait, il y a un intérêt autre que l'habitation sur cette île :


Non, pas ce torea-pango (ou huîtrier variable, espèce endémique à la NZ). Encore que... En fait, c'est pour la nature, omniprésente (au moins 95% de l'île est inhabitée par l'homme). Et elle est protégée des furets, et le nombre de rats et d'opossums est limité. Certaines petites îles autour de Stewart Island ont même été dératisées et désopossumisées pour permettre la réintroduction d'espèces présentes naturellement en NZ. D'ailleurs, une de ces îles est l'un des deux seuls endroits où ont été placés des kakapos.

Mais partons pour la deuxième partie de ma journée, avec la balade autour de la "baie" (de l'inlet" en fait). Le bateau va assez doucement, pour nous permettre de prendre des photos et d'expliquer l'histoire de la baie, et donc, presque l'histoire de l'île. Selon la légende maorie, la NZ serait une histoire de pêche en pleine mer : le héros Maui et son équipage aurait péché, de son canoë, un poisson légendaire. Le canoë est l'île du Sud, le poisson l'île du Nord. Et Stewart Island dans tout ça ? Et bien c'est l'ancre du canoë ! Mais revenons à nos moutons. Lors de la croisière, pas de dauphin cette fois, mais des albatros.


Majestueux n'est-ce pas ? Ils volent tout près du bateau, et connaissent bien les équipages, puisqu'ils se sont même posés dans l'eau, à 1m de la poupe du bateau.


Ces albatros font plus de 2m d'envergure, et peuvent voler pratiquement sans avoir besoin de battre des ailes. Donc sans se fatiguer, ils peuvent parcourir près de 3000km en 2 semaines pour aller chercher de la nourriture.

Arrêtons deux minutes les oiseaux pour montrer un peu le paysage. De mémoire je crois qu'il s'agit de "The neck". Cette zone est importante pour les maoris de l'île, puisqu'après le traité de Waitangi, qui donna la souveraineté de l'île aux anglais, et après quelques malversations, les maoris ont été expulsés d'Oban et obligés d'aller vivre sur ce bout de terre. Bon, cela n'a duré que quelques années, ils sont rapidement revenus à Oban sans que cela dérange.


Un peu de forêt pluviale (forêt "classique" de NZ) :


Non, eux ne sont pas naturellement là. Mais quelques personnes habitent en dehors d'Oban (à proximité quand même), et ont le droit d'avoir un petit cheptel, mais, ils doivent se débrouiller pour qu'il ne détruise pas l'environnement. D'ailleurs, comme me l'a expliqué un guide un peu plus tard (j'y reviendrai), l'élevage n'a jamais vraiment pris sur l'île (c'est ce qui l'a sauvé). La pierre principale de l'île est une pierre très friable (une sorte de marbre à gros cristaux), donc assez impropre à l'agriculture. Des tentatives ont été faites autour d'Oban mais les fermes sont toujours restées minuscules.

Vu les forêts, vous avez deviné que l'île a connu une des industries les plus destructrices en NZ : les scieries. Le climat doux et très humide permet aux plantes de pousser toute l'année. Eh oui, malgré le fait que l'île soit sur le 47ème parallèle et donc à proximité des 50èmes hurlants, le climat est vraiment doux (jamais de neige ou de gel, rarement en dessous de 10°C en journée). Donc l'île a eu beaucoup de scieries autour de l'Inlet, mais la déforestation est restée faible, ils ont assez rapidement tenu à garder le plus possible l'environnement originel de l'île. Enfin, la dernière activité de l'île a été la pêche à la baleine (comme un peu partout sur l'île du Sud). Mais le fait qu'elle soit vraiment au sud lui a donné une position stratégique pour la pêche de baleines vers l'Antarctique. Ici, on peut voir les restes d'une base abandonnée il y a de nombreuses décennies par des norvégiens. La plupart sont restés sur l'île, et donc maintenant il y aurait beaucoup de personnes avec des noms scandinaves.

En fait, la pêche a même permis la création d'une ville encore plus au sud d'Oban, donnant directement sur l'océan Pacifique, Port Pegasus. Mais c'est une ville fantôme maintenant, uniquement accessible par bateau ou à pied. Revenons à ce que j'ai vu (Port Pegasus étant trop loin de l'Inlet, nous n'y sommes pas allé). Après le tour en bateau, nous nous sommes arrêtés sur Ulva Island, petite île au milieu de l'Inlet.


Personne ne vit dans ces habitations. Enfin, si, juste une famille qui vient de temps en temps. Il y avait une poste d'ailleurs, mais elle n'est plus en service. L'île possède une politique hyper stricte concernant les animaux importés, et donc nous sommes accueillis par ce panneau :


Ulva Island fait partie des îles ayant été débarrassées des nuisibles. On peut toujours y voir des pièges, au cas où. Donc l'île est une réserve animale que l'on peut visiter. Normalement, on peut entendre et voir plein d'oiseaux, même des kiwis si l'on est chanceux, mais là, il y avait trop de vent, donc les oiseaux ne sont pas sortis. Mais nous avons pu voir quelques oiseaux. D'abord, l'oiseau le plus représenté sur l'île, le miro rubisole, Stewart Island robin en anglais, ou toutouwai en maori.


Et comme pas mal de petits oiseaux, ils n'ont pas peur de l'Homme. Donc ils viennent nous voir très facilement. Surtout qu'ils attendent que les gens grattent du pied le sol, pour mettre à nu la terre et leur permettre de manger ! Et ils peuvent rester longtemps, à attendre que le sol soit gratté ! Bon, après, deux autres sortes d'oiseaux que je n'ai pas pu prendre en photos : un bellbird, ou méliphage carillonneur, ou korimako, en train de picorer l'écorce d'un arbre et un oiseau que nous n'avons pas pu reconnaître, puisqu'il était parti avant que la guide puisse le voir. Et enfin, le weka, qui ressemble à une poule selon moi :


Après un rapide retour à Oban, et une rapide visite de la ville, j'ai pris une balade au crépuscule dans la forêts. En fait, ce genre de balade s'arrête normalement le 31 mars, mais exceptionnellement, pour les vacances, ils ont continué un peu. Seul problème, ce n'était marqué que sur un tableau à l'entrée de l'office du tourisme. Donc, à 17h, heure du départ, j'étais tout seul. Donc ce fut une visite privée de 2h que j'ai fait, au crépuscule. Cette fois, le but est d'atteindre une pointe de l'Inlet, et de revenir. Le guide s'arrête souvent pour présenter les plantes, les oiseaux rencontrés et l'histoire des lieux où l'on passe. Donc visite extrêmement intéressante, surtout que faire la visite seul avec le guide permet de pas mal discuter avec lui.
Pendant le parcours, j'ai donc appris pas mal de choses, même si je suis incapable de me rappeler des noms des plantes ! Et on a vu quelques oiseaux, dont un riphidure à collier, ou piwakawaka en maori, oiseau dont la queue ressemble à éventail, d'où son nom anglais : fantail (fan veut dire éventail en anglais).

La balade suit plus ou moins la côte, et permet donc de voir des plages, souvent proche d'une maison, pas forcément habitée d'ailleurs.


Ah, alors assez amusant, maintenant grâce au guide je sais comment empoisonner les gens, à l'aide de deux plantes. L'une est pleine d'épines, et 5 suffisent à tuer quelqu'un. En fait, la toxine sécrétée par la plante accélère le rythme cardiaque, et forcément une overdose peut être fatale. La deuxième fait partie de la famille des solanacées, comme les pommes de terre, les tomates, ou la belladonne, la mandragore... Et forcément, comme beaucoup de ses congénères, elle est affreusement toxique. Mais le fruit peut se manger, quand il est totalement mûr (encore un moyen pour l'arbre de disséminer des graines). Mais je sais aussi comment faire du café et du thé à partir de plantes originellement présentes sur Stewart Island.

Mais nous avons vu un peu d'histoire du coin, dont cette maison :


Elle a été construite vers 1840, ce qui en fait le troisième plus vieux bâtiment encore debout en Nouvelle-Zélande. Elle a servi de maison et d'atelier au premier européen ayant habité l'île. D'ailleurs, une partie des maoris descendent de cet européen, qui a épousé une maori.

Pour finir le tour, nous sommes allé jusqu'à la pointe où se trouvait un petit phare, proche d'habitations de manchots pygmées (on pouvait les entendre, c'est qu'ils sont très bruyants). Enfin, au retour, j'ai compris pourquoi on parle de forêt pluviale : la pluie a commencé vers 18h30, et n'a pas cessé de la nuit ! Et c'est donc à entendre le bruit de la mer et de la pluie, dans cette ville du bout du monde, que j'ai passé la nuit.

3 commentaires:

  1. superbe ! Into the wild ^^
    belle bête ces albatros !
    Tu fais tt ça avec qui en fait ?

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  2. Très beau décors, faudra que tu m'apprenne tes techniques pour le thé (par contre pas besoin de démo pour les poisons, ou alors pas sur moi please)

    Mais question qui fâche: t'es toujours en vaccances ou c'est que t'as plein de temps libre?

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  3. J'ai fait ça tout seul (le "on" veut dire "je", juste une mauvaise habitude).

    Sinon, je suis rentré en cours lundi, mais aujourd'hui c'était férié, et sinon j'ai pas mal de temps libre (et c'est long de n'avoir rien d'intéressant à faire, surtout quand les magasins ferment à 16h30). Enfin, je suis censé finir le second projet de mécatrotro vendredi mais je suis tellement à la bourre (le prof m'a complètement délaissé cette fois) que je n'ose même pas tenter d'avancer, sachant que ça ne servirait à rien.

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